La Tchoucrav’ : « Avec nous, le rock, c’est kilt ou double ! »

 


Cette matière culturelle surprise de première qualité est d'abord l’histoire d’une interview improbable : alors que toute la rédaction de PARIS VACHE était en congés pendant ce mois de juillet brûlant dans divers coins de la Normandie (pas de la France et encore du moins monde en raison du salaire dispensé à l’unique employé bénévole de l’entreprise encore seulement en plein essor), en passant un midi dans le bourg d’un village au nom presque joli comparé à son architecture (Giberville), l’équipe de votre bi-mensuel ou hebdomadaire ou bi-annuel préféré a été interpellée par ce qui ressemblait fortement au montage d’une scène bon marché sur la place du marché pendant le marché. C’est connu, la curiosité et l’instinct du journaliste sont sans pareils, à la limite de l’obsession, et il n’y pas d’heures sup' pour les braves, que du plaisir. C’est ainsi que nous nous sommes arrêtés et que nous avons pu découvrir que s’installait donc le groupe de rock le plus connu de la région grâce à sa longévité : La Tchoucrav'. En même temps qu’il montait sa batterie haut de gamme aux peaux rouges rappelant la charte graphique savamment étudiée du groupe et en pleine cuisson de merguez à proximité dans un vent défavorable, Thomas a bien voulu répondre à nos questions totalement improvisées comme un bon bœuf dont le quator a la recette du secret depuis le siècle dernier. 


Que se passe-t-il donc ici ?

Eh bien nous jouons ce soir pour la fête de la chipolata du village ! On vient ici chaque année depuis quinze ans au moins ! Super accueil, super son, supers gens ! C’est rock Giberville, on aime bien revenir ici. On aime bien revenir partout en fait ! Rires

Si je ne m’abuse, c’est de la merguez qui cuit là…

Ah oui ? Ah pardon, on a fait tellement de foires à la saucisse que je m’y perds !

Vous avez combien de concerts au compteur d’ailleurs ?

Dans les foires à la saucisse ? Hmmmm… 1000 peut-être !

Et ailleurs ? En tout je voulais dire…

En tout ? 1010, 1015 peut-être !

Qu’est-ce qui vous plaît dans le rock festif ?

Eh bien c’est que les gens n’ont pas besoin de comprendre ce qu’on fait pour danser et rigoler. Notre public qui nous suit, nos fans numéro 1, ce sont surtout des gens qui ne connaissent pas ou n’aiment pas la musique d’habitude. On est souvent le seul groupe qu’ils ont vu en concert. Mon cousin par exemple n’a vu que la Tchoucrav’ au cours de sa vie. Pour lui, on est forcément le meilleur groupe du monde. Ça me va moi d’être pris pour le meilleur groupe du monde !

Vous composez ?

Oui bien sûr ! On a des albums, plein, dans des cartons dans nos greniers chez nous. Des clips originaux aussi. On a des vues mais le plus important, c'est le délire. On attache beaucoup d’importance à la créativité. C’est essentiel aujourd’hui de se démarquer par une touche personnelle, des idées novatrices. Par exemple, je fais toujours un solo de batterie dans le concert. Il y a un solo de basse aussi et un de guitare. Des fois dans le même morceau, on est des fous ! On a des reprises aussi bien sûr car les gens en réclament. Dans ce cas, on revisite toujours les titres pour imposer notre patte et nos ambitions artistiques. La vie en rose de Piaf en ragga muffin/rock reste notre projet de cover le plus abouti, assurément.

Vous aimez jongler avec tous les genres, c’est ça ?

Oui, pas de barrières pour nous à part celles du mauvais goût. C’est comme un plat d’ailleurs. Par exemple, comparons une chanson de notre composition à une blanquette de veau. Cette blanquette de veau, cette base, c’est le rock’n’roll. Eh bien nous, nous allons y rajouter de la menthe qui sera du reggae, de l’orange, l’équivalent du funk, et pour finir, un louche de café déca qui réfère aux paroles en français bien DECApantes ! Au final, on a un morceau qui fait miam dans les oreilles. Garanti !

 Et l'impro dans tout ça ? Quelle est sa place ? 

On frappe le bovin dès qu'on peut. Non ? On tape le bœuf !!! Rires Hey mais faut sortir de la ville man ! Tu vois, ça c'est encore l'humour vache de La Tchoucrav' ! L'impro, c'est l'occasion d'exprimer nos différents talents et de prendre notre pied (il essaie de se mordre les orteils mais manque de tomber de son siège de batterie).

 

Thomas est content car il vient de faire un gros solo devant une spectatrice apparemment conquise.
 

 Pourquoi La Tchoucrav’ Pourquoi ce nom ?

C’est assez simple. On aime tous le la comme note. Laaaaaaaaaaa (il chante, ndlr). C’est la note universelle, celle sur laquelle on s’accorde et celle sur laquelle et s’est donc tous accordés ! Rires Tchou, c’est parce que c’est une musique pleine d’entrain et le train, il fait tchou tchou ! Comme c’est qu’à moitié drôle, on en n’a gardé qu’un. Crav, c’est parce qu’on s’est longtemps cherché sur scène avant de trouver notre style et notre son caractéristique. Aux débuts, on portait des pantacourts avec chemise et cravate. C’était classe mais pas confort. Crav, c’est donc un vestige de notre ancien nous, le diminutif de la cravate perdue.

Et l’apostrophe final ?

Ah tu vois, ça t'a apostrophé ! C’est aussi pour le peps. Ça donne un élan de fou je trouve. Avec ce détail, on sent que c'est un groupe qui envoie !

Pourquoi avoir utilisé le logo de Coca-Cola pour votre bannière de fond de scène ?

C’est simple aussi ! Un jour, en tournée de vingt dates dans le Pays d’Auge, nous avons demandé quatre Pepsi dans une épicerie et la vendeuse s’est trompée et nous a servi quatre Coco-Cola. On a trouvé ça tellement ouf et marrant qu’on a eu une révélation tombée du ciel : il fallait faire notre logo à partir de cette erreur humaine. C’est dingue le destin quand même, non ?

Fini les pantacourts et la chemise cravate donc et depuis des années vous jouez donc dans cet habit traditionnel écossais bien connu…

Oui ! Parce qu’avec nous, le rock, c’est kilt ou double ! Et notre autre passion, c’est l’humour ! Les gens qui viennent nous voir ne paient pas mais doivent en avoir pour leur argent, c’est important à nos yeux.

Et concernant la fameuse légende ?

Je vous vois venir mais c’est dans notre musique qu’on se met à nu. Le reste, c’est jamais que des couilles qui pendent ou pas ! Rires

Pourquoi ce slogan « Vaincra » ?

Parce qu’on en veut ! On veut péter les charts caennaises ! Défoncer Les Stampers de Saint-Lô et Madame Guillotine d’Argentan ! Il ne restera qu’un groupe de rock festif à la fin en Normandie et ce sera La Tchoucrav’. On est un peu compétitif, c'est vrai, mais attention, ça s'arrête là. Sur scène, on fait l'humour, pas la guerre ! Rires

Il se dit parfois que que vous faites de la musique de boomers pour boomers. Qu’avez-vous à répondre à ça ?

Que quoi ? Que euh… Que oui. Que tu peux écouter notre dernier album sur ton boomer dans ta voiture, ça va crasher mon gars !

… Des projets en vue ?

Toujours un tube sur le feu oui ! Et des concerts près du feu (il tousse, ndlr). On va jouer sur quelques nouvelles places de mairie cet été et ça fait plaisir. Dans l’Orne. On sort un peu de nos contrées habituelles, ça paie après tout ce temps. La Tchoucrav’ vaincra qu’on vous dit ! Rires puis solo de batterie 

 

                                                                                                                               Faux propos recueillis par Zitoune 


 

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