Franck Ribéry : « Je me repasse souvent des VHS du Bigdil. »

 


A 38 ans, la gueule cassée aux pieds magiques du football français continue de faire sensation sur la pelouse d’un petit club italien. Une longévité guidée et expliquée par un seul et maître mot : la passion et la rigueur. Lors de cette interview exceptionnelle qui s’est déroulée chez lui dans son salon marbré où des grands portraits peints de ses enfants côtoient les affiches de tous les films Les Tuche, c’est lui qui aura l’idée d’entrée de répondre en allemand aux questions de PARIS VACHE (« Je pense ptet ce s’ra mieux vu comment que le français ça se moque des fois »). En effet, aidé par une douzaine de professeurs et éducateurs, le natif de Boulogne a appris la langue de Goethe parfaitement et rapidement à son arrivée en 2007 dans le club de sa vie : le Bayern de Munich. Les propos qui suivent ont donc été traduits ensuite en français et à la lettre.


Est-ce facile pour vous, qui êtes si expressif avec les pieds, de jouer au pays où l’on parle avec les mains ?

Je n’ai pas trop compris votre question mais je dirais que l'intégration ici s’est faite aisément parce que c’est la nation des grosses voitures sportives et que j’adore ça aussi. Je ne serais jamais venu si je n’avais pas eu l’opportunité de dépenser moult deniers dans ces bolides qui me rappellent chaque jour quel homme important et de goût je suis devenu.

Vous revenez de loin en effet et cet accident de voiture, bébé, ne semble donc pas vous avoir traumatisé des voitures…

Absolument pas et j’ai régulièrement de nouveaux accidents, forcément sans gravité par rapport à ce jour de 1986, oui. L’airbag est une invention fabuleuse, j'en ai fait rajouter en soie dans les portières de ma Lamborghini.

Pensez-vous que ce visage qui porte les stigmates éternelles d’un choc ultra violent vous a finalement servi par la suite ?

J’ai beaucoup souffert du regard des autres et j’ai dû traverser la vie avec ce fardeau sans jamais me retourner, contrairement à tous ces gens dans la rue. Il a fallu que je marque plus de buts que les autres, que je fasse plus de passes décisives, plus de dribbles et plus de débordements pour que l’on me respecte et qu’on oublie ces cicatrices. Ce fut un leitmotiv de chaque instant qui perdure encore aujourd’hui. J’aurais tout à fait pu avoir recours à la chirurgie réparatrice et esthétique mais j’ai le sens de l’honneur et du courage, je ne suis pas comme Didier Deschamps qui a cédé sous la pression du public et a fait refaire ses dents. J’aimais beaucoup ses dents personnellement, je les trouvais belles.

Vous êtes musulman, comme votre femme et vos enfants. La religion vous a-t-elle aidé pour réussir d’un point de vue purement sportif ?

Bien évidemment. Je suis allé jouer dans le plus grand club d’Europe et accessoirement la ville de la fête mondiale de la bière ! Ma foi et mes engagements m’ont toujours tenu éloigné des tentations destructrices pour un corps d’athlète. Sans le Coran, je serais  peut-être devenu Paul Gascoigne ou Sydney Govou. Quand on vient de Boulogne-sur-mer vous savez, c’est la Kronembourg au petit-déjeuner si vous avez la force de vous lever à cette heure après la grosse cuite de la veille. Un peu comme mon héros de fiction préféré Jeff Tuche, je ne craque que pour des frites et jamais plus de trois fois par jour.

Avec sa femme, Franck apprécie les joies simples de la grosse moula.
Vos enfants semblent être votre plus grande fierté. C’est comment de vivre avec un papa star ?

Mes enfants sont tout et passent même avant ma dernière Ferrari. Ils m’impressionnent. Ils parlent trois langues à même pas dix ans alors que moi, je n'en ai parlé que la moitié d’une jusqu’à 25 ans. L’aîné joue déjà très bien au football et a un pied gauche qui me rappelle celui de Maradona. On verra si il veut persister dans cette voie. Je l’encouragerai même si je sais que c’est un milieu très difficile, surtout quand on est fils de. Au pire, je lui donnerai plein d’argent pour qu’il ne manque de rien sans rien faire. Ce n’est pas très grave finalement.

Vous avez eu une carrière en équipe de France assez irrégulière et dénuée de titres majeurs. Est-ce un regret ?

Boh oui t’imagines pô que j’vais être content de çô ! J’ai pô eu d’la chance les blessures tout çô, le bus en Afrique du sud, c’est des souvenirs que j’aime pas trop me souviendre. Ah pardon, j’ai r’parlé en français, vous m’parlez de la France alors direct moi ! (rires) Je r’continue en allemand alôrs. Donc oui ces échecs sous le maillot du pays qui m’a vu grandir et réussir laissent comme un goût d’inachevé, c’est certain.

Vous êtes restés douze saisons au Bayern et avez tout gagné là-bas. Quels moments resteront à jamais gravés dans votre mémoire durant cette période si exceptionnellement faste ?

Mon association sur le terrain avec Robben. J’ai parfois encore des flash d’actions ensemble qui se concluaient par un but pour notre équipe devant nos supporters incroyables qui nous appelaient « Robbery ». J’ai mis beaucoup de temps à comprendre pourquoi ils disaient ça d’ailleurs. Il y a aussi ce quintuplé en 2013, on ne pouvait pas gagner plus de titres cette année-là. Ça tombait bien car je ne sais pas compter plus loin.

Vous êtes connu dans tous les vestiaires où vous êtes passé pour être le rigolo de service, le farceur invétéré. Comment analysez-vous ce trait de caractère ?

Je ne suis pas un grand analyste mais c’est vrai que j’aime bien faire des blagues à tout le monde. Je raffole des croque en jambes et des bombes à eau notamment. Et quand j’ai trouvé une bonne blague, je la répète sans cesse. Je suis plus dans le gag que dans la vanne. La vanne, c’est trop dur. Mes coéquipiers étaient ou sérieux et trop sérieux ou bourrés et trop bourrés. Moi, je ne bois pas donc je peux être constant dans ce domaine-là. Un jour, Neuer (le goal du Bayern ndlr) m’a dit : « Franck, si tu picolais, tu serais vraiment mais alors vraiment débile ! » Ça m’a fait plaisir, j’étais touché.

Votre décoration laisse à penser que vous êtes un grand cinéphile. D’où vient cette autre passion ?

En fait, non, ce n’est pas tout à fait ça. Les seuls films que j’ai vu dans ma vie sont les quatre volets des Tuche. J’ai adoré, très drôle, très fin, on s’identifie bien aux personnages. Donc voilà, j’ai mis les affiches en déco. Je suis plus télé en fait. Je me repasse souvent des VHS du Bigdil que j’enregistrais à l’époque.

Peut-on espérer vous voir évoluer dans un club français en toute fin de carrière ?

Je pense que c’est impossible pour une seule raison : le salaire. Je suis trop cher pour Marseille et le PSG préfère les beaux gosses pour vendre des maillots à des gamines. Tant pis pour eux. Moi je prends du bon temps ici encore quelques temps avant une retraite bien méritée à Miami, Hollywood, Ibiza ou tout autre endroit simple et discret.

Pas de reconversion professionnelle en vue donc ?

J’ai toujours rêvé de devenir commentateur sportif pour l’équipe de France comme Bixente (Lizarazu) mais la place est donc déjà prise et mon agent me l’a déconseillé. Il dit que je serai mieux à bronzer sur une plage de sable fin sans rien dire plutôt que de faire ça. Je ne sais pas bien pourquoi mais j’ai confiance en lui alors je prends note.

Le mot de la fin et en français pour nos lecteurs ?

Croivez en vos rêves, moi je y ai cru et voilà j’en suis là alors pourquoi vous non ?


                                                                                                                               Faux propos recueillis par Zitoune










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